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Monsieur Roman
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25 mars 2012

Lucien, Jean, Aristide Roman

Je continue et résume ce que m'a rapporté Maurice Roman:

«Écrivant, Maurice Roman s’est trouvé une nouvelle compagn : la mémoire, il passe désormais une grande partie de ses journées à tenter de se rappeler des événements passés, remuer les vieux papiers et les photos que sa famille a conservés dans ses successifs greniers et que, pour sa part, il s’est toujours refusé à jeter. Un univers occulté, oublié, dans sa revenue au jour force ainsi son esprit à se rappeler, peut-être à croire se rappeler, à construire des souvenirs qui ne sont peut-être pas si authentiques que cela mais qui, pourtant, lui imposent leur évidence, forcent  sa conscience à les prendre en charge. Maurice avance ainsi dans un taillis d’images, de mots, de conversations qui refusent de le laisser en paix. Il se considère comme un brocanteur de la mémoire, un passeur.

Notre vie s’élève sur les multiples couches de leur humus. Vie et mort lui sont jumelles. Hanté par l’accumulation des morts dont il craint devoir ne pas tarder à les rejoindre, la mort comme horizon. Peut-être est-ce pour cela qu’il pense qu’il est temps de recenser mémoires et souvenirs pour se situer face à eux : il se refuse à n’être que le gardien de leurs cimetières.

Fin 1922, sa naissance dut beaucoup aux immondes boucheries de la Grande guerre. La jeunesse de son père, né en 1899, le 4 octobre, prénommé Lucien, Jean, Aristide comme le lui ont confirmé les documents de sa famille, pas tout à fait 15 ans le 4 août 1914, reçu au concours des Écoles Normales, encore lycéen puis, assistant impuissant à l’avancée inexorable de son incorporation. 18 ans en 1917, à peine sorti de l’École, futur instituteur envoyé immédiatement au front comme élève officier, juste à la fin des mutineries: adolescence de temps de guerre, viande. Deux ans à jouer sa vie à la roulette. J’imagine. Cadavres autour de lui, massacres, charnier, blessures , souffrances, rage, impuissance. Son père était pourtant, avant tout, un instituteur, élevé dans le culte de l’Homme, se destinant à former leurs enfants. Un an, deux mois et onze jours de chute dans le désespoir… Peut-être pire, le désarroi, la perte de repères. Il passa directement de l’enfance à l’âge adulte, peut-être même à la vieillesse. »

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