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Monsieur Roman
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31 août 2015

Un désir de tromper

Mensonges, trouble de mémoire, erreurs, volonté de tromperie… J’ai trouvé dans les notes que m’envoie MR un certain nombre de contradictions.

Ainsi il vient de me faire parvenir deux cahiers de 100 pages chacun qui constituent une partie de son journal de 1938, d’une part cela fait beaucoup de données d’un seul coup et, d’autre part, j’ai pu découvrir un certain nombre de contradictions avec des notes qu’il m’a fait parvenir par la suite. Troubles de mémoire ou erreurs volontaires ? J’ai souvent l’impression que MR joue avec moi comme le chat avec une souris et je ne parviens pas bien à en saisir la finalité.

S’il y a quelque chose d’absurde, comme je le disais dans ma page précédente à se mettre en position de nègre-biographe d’un écrivain dont j’ai beaucoup apprécié quelques publications anciennes et dont l’écriture poétique, flottant entre l’absurde et le lyrisme, l’érotisme et la naïveté, m’a toujours paru comme résolument novatrice — trop peut-être pour ses contemporains — j’ai longtemps hésité à me lancer dans ce travail qui dépend des documents que me fournit la personne sur laquelle il porte, me les livrant à son rythme, sans aucun souci de chronologie. Mais si, en plus, ce personnage de cette œuvre triche, s’il me donne volontairement des informations douteuses et parfois même fausses, j’avoue ne plus très bien voir où me mène ce jeu. Que devient en effet la littérature si elle ne s’appuie pas sur la croyance confiante dans les mondes qu’elle produit ? Je ne suis pas un adepte de l’écriture pour l’écriture, du plaisir des mots et des expressions pour ce seul plaisir. L’art pour l’art… Car dans ce cas tout acte d’écriture devient littérature or je suis convaincu que celle-ci a un rôle infiniment plus important dans la mesure où elle copnfronte chaque lecteur aux limites de ses convictions. Lire un poème, un roman, c’est bien sûr découvrir en partie des univers de pensée autres que les siens propres mais c’est aussi, bien plus que cela, provoquer chez les lecteurs une réorganisation profonde de ses circuits neuronaux. Je pense en effet que chaque lecture — si c’est une lecture véritable et non le simple moyen de passer le temps en tournant des pages — modifie l’être profond de celui qui la pratique. La lecture véritable exige l’ouverture totale de l’esprit du lecteur pour quelque chose comme son parasitage par un esprit autre. Il y a de l’envoûtement dans la lecture, il y a du parasitage. Le temps d’un livre, un autre esprit, un autre corps même, s’insère en moi et, pour cela le lecteur a besoin de pouvoir s’y abandonner avec une confiance totale. Je ne pourrais imaginer lire les éventuelles créations littéraires d’un robot, il y manquerait de la chair, du sang, des pleurs, des pulsation cardiaques, des sanies. Or je me demande de plus en plus, au fur et à mesure que je reçois des textes de MR, si MR est bien MR, s’il n’est pas simplement le manipulateur d’une superbe machine à écrire qui peut me fournir en une infinité de produits assez bien faits pour, généralement, me tromper. Si cette hypothèse se vérifiait, imagine-t-on l’écriture de la biographie d’un robot. Quel en serait l’intérêt ? Toute biographie repose sur la conviction confiante qu’il y a eu une vie humaine racontable et à raconter. S’il n’en est pas ainsi, alors à quoi peuvent bien servir ces erzats de mots et de productions textuelles, serait-ce encore de la littérature ?

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