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Monsieur Roman
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9 avril 2013

où nous mène Maurice Roman ?

L’autobiographie de Maurice Roman (n’intitule-t-il pas son ouvrage « ma vie » ?) n’a que peu à voir avec une réelle autobiographie car elle est infiniment lacunaire. De son enfance, par exemple, il ne dit presque rien. À peine rapporte-t-il quelques anecdotes qui lui semblent essentielles amis qui laissent leur lecteur sur leur faim. Car enfin nous ne savons presque rien sur cette école où il a passé plusieurs années et qu’il ne fait qu’évoquer comme si la nomination seule permettait au lecteur de se faire une idée de ce qu’était une école à cette époque là, qui plus est une classe unique où les enfants de tous les âges, mélangés, constituaient certainement une communauté éducative d’apprentissage et où beaucoup devait se produire dans ces échanges entre élèves. Il ne dit rien non plus, ou si peu, des méthodes d’enseignement de son père, de la façon dont il menait son troupeau de petits paysans, de son aspect physique non plus, des comportements qu’il devait adopter pour faire oublier à l’ensemble des enfants (filles et garçons mêlés) que Maurice était son fils et qu’il devait davantage son rythme d’avancé à son intelligence qu’à son statut social. Et la maison ? Cette maison-école, qu’en savons-nous ? Que savons-nous du jardin que, je crois, il n’évoque qu’en une phrase au détour d’une anecdote. Que savons-nous aussi des autres êtres qui l’entourent, comment était sa mère, quel rôle jouait-elle dans sa vie, elle qui était une fille du village alors que son mari venait de l’extérieur, que savons-nous aussi de ce grand-père, Jules Mazel, auquel il fait souvent allusion mais qu’il ne décrit jamais vraiment et qui, pourtant, semble avoir joué un rôle crucial dans sa vie ; de sa sœur, Andrée, et de son frère, Robert, dont nous ne connaissons presque que les prénoms ? Maurice Roman, comme tout romancier, a bien entendu le droit de choisir dans ce qu’il rapporte mais il nous dit si peu de choses qu’il faut bien concevoir que le récit de sa vie ne lui est qu’un prétexte : « J'écris, dit-il, pour affirmer que j'ai vécu, pour résister au temps qui passe, dépasser la douleur des paroles tues, des silences définitifs, pour essayer de me souvenir, peut-être même m'inventer des souvenirs, m’entretenir de dialogues qui ne peuvent plus avoir lieu, emplir de vie la solitude qui me cerne, repousser, feindre d'ignorer le néant vers lequel je m'achemine à grands pas. J'écris pour tous ceux qui m'ont laissé en route creusant chaque fois un peu plus mon cerveau d’absence. Mon écriture est leur vie et la certitude de ma mort. »
Car il est évident en effet, tout au long de ses pages, qu’il y est question de bien autre chose que le simple récit d’une vie. Ce qui l’intéresse profondément, c’est le rapport aux temps, temps du réel, temps du souvenir, temps de la mémoire, temps vécu et temps ressenti. Ainsi, parlant de la correspondance de sa famille retrouvée dans son grenier (comment croire qu’elle y est par hasard et l’a suivi toute sa vie, de lieu en lieu, sans qu’il s’y soit un peu intéressé ?) : « Je n’aurais jamais dû me lancer dans la lecture des tas de lettres et cartes postales conservées dans mon grenier dans les nombreux tiroirs de plusieurs meubles de rangement dont la variété et le nombre feraient le bonheur de quelques brocanteurs spécialisés mais que je ne vendrai jamais. Tant que mon père était vivant, son esprit scolaire et méthodique lui avait ordonné un certain rangement chronologique. Après !… Tout s’est retrouvé n’importe comment je ne sais en fonction de quoi. » Il ne fait aucun doute que cette « correspondance » ne l’intéresse pas pour établir une vérité quelconque de sa vie mais pour jouer avec divers de ses fantasmes. Je devrai y revenir…

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